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Les arguments et preuves que les acteurs utilisent.

Les arguments et preuves que les acteurs utilisent sont divers, mais certains reviennent souvent de la part de différents acteurs. On peut citer en premier lieu l’argument écologique qui ne repose pas sur la combustion de l’hydrogène dans la pile à combustible, puisque cette étape n’est absolument pas polluante et tous les acteurs (industriels et scientifiques) sont en accord sur ce point de vue. Mais le sujet est surtout controversé autour de la production de l’hydrogène. Comme nous l’avons détaillé précédemment, l’hydrogène est abondant sur Terre, mais il est couplé à une molécule d’oxygène (H2O). On a donc besoin d’énergie pour casser cette molécule et donc avoir de l’hydrogène seul. Le problème soulevé par les associations écologiques comme Greenpeace ou l’AFHYPAC est que la production de l’hydrogène ne serait absolument pas neutre en CO2, contrairement à ce que prônent d’autres acteurs, comme ceux de la filière automobile (Toyota, Hyundai, Taxis Hype) ou de l’énergie (Total, Air Liquide, Engie, EDF) qui utilisent l’hydrogène comme une solution miracle aux problèmes que nous connaissons de réchauffement climatique et d’émissions de CO2. Les arguments de ces deux visions différentes de l’hydrogène sont alors complètement opposés. Pour tenter d’être plus crédibles, les acteurs tentent d’utiliser des preuves pour convaincre l’unanimité d’opter pour l’hydrogène à la fois pour le stockage des surplus d’énergie et surtout pour alimenter les piles à combustibles des véhicules. Les géants de l’énergie promettent un hydrogène issu à 100% d’électricité, d’énergies renouvelables. On peut citer par exemple Air Liquide, Engie et Total qui ont tous trois le même argument. Pour les réticents sur ce point de vue : les scientifiques et les associations écologiques, les arguments et promesses faites par les fournisseurs d’énergie concernant une pseudo-traçabilité de l’électricité nécessaire à la production de l’hydrogène ne sont pas valables. En effet, d’après des études menées concernant l’origine de l’électricité, celle-ci ne serait absolument pas verte contrairement aux propos annoncés par les nouveaux lobbys qui se sont constitués autour de l’opportunité que pourrait constituer l’hydrogène. Les arguments de ces derniers sont ainsi factuels et statistiques contrairement à ceux des géants de l’énergie qui sont verbaux et peu, ou non factuels.

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Face à un engouement progressif pour l’hydrogène, les constructeurs automobiles, ferroviaires et maritimes prônent majoritairement pour l’hydrogène. On peut citer l’argument factuel d’Energy Observer, (qui comme nous l’avons détaillé précédemment est un bateau 100% autonome en hydrogène tant pour sa propulsion que pour sa production), qui a réussi à convaincre y compris le gouvernement français d’investir dans la transition énergétique vers l’hydrogène. L’argument d’Energy Observer a été principalement factuel. En effet en 2017, le bateau a été mis à l’eau pour une première phase expérimentale en totale autonomie dans le bassin méditerranéen (une odyssée de 10000 miles nautiques en totale autonomie énergétique). Cela a ainsi pu convaincre beaucoup d’acteurs que l’hydrogène pouvait être une solution d’avenir. En effet, le bateau est équipé de nombreuses sources d’énergie renouvelable comme des panneaux photovoltaïques, des voiles et même des éoliennes. Cela permet de pomper l’eau de mer, d’effectuer une électrolyse de l’eau et de stocker l’hydrogène produit dans des cuves. Cet hydrogène passe ensuite par une pile à combustible, qui produit de l’électricité nécessaire à la vie à bord du bateau ainsi qu’à la propulsion par les moteurs électriques. L’argument d’Energy Observer est donc complètement factuel et 29 statistique. Il n’est donc absolument pas mensonger contrairement à d’autres arguments avancés par différents acteurs. En effet, certains acteurs se sont appuyés sur l’exemple d’Energy Observer pour prôner le fait que l’hydrogène soit vert alors même qu’aucune donnée factuelle ne le confirmait. C’est d’ailleurs ici qu’intervient le sujet de discorde, la controverse. Mais d’après certains scientifiques comme Jean Marc Jancovici et les associations écologiques, Energy Observer constitue une exception dans la production d’un hydrogène 100% vert.

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De plus, les propos des constructeurs automobiles, de l’aérien, du maritime et du ferroviaire ne peuvent pas être qualifié de mensongers, puisque la combustion de l’hydrogène dans une pile à combustible n’est absolument pas polluante. L’argument qu’ils mettent en évidence est donc celuici. Néanmoins, les arguments qui ne sont pas mis en évidence sont l’origine de l’hydrogène nécessaire à l’alimentation de la pile à combustible. Nous revenons donc exactement sur le même sujet de discorde que tout à l’heure avec les grands fournisseurs d’énergie concernant l’hydrogène. Le cœur de la controverse se situe donc au niveau de la production de cette matière. Enfin, on peut dire que les arguments factuels et statistiques avancés par la filière automobile, aérienne, ferroviaire, maritime sont basés sur des prévisions, des simulations qui prennent en compte une électricité et énergie nécessaire à la production de l’hydrogène totalement verte.

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Enfin, l’objectif de certains scientifiques et associations et de prouver que les arguments avancés par les acteurs citées précédemment ne sont pas en accord avec la réalité, et que les véhicules fonctionnant à l’hydrogène produit à partir des énergies fossiles, pourrait même être encore plus polluants que les véhicules thermiques actuels.

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Nous avons vu que l’argument écologique était celui le plus avancé concernant une transition vers l’hydrogène. Le second argument également avancé est celui économique. En effet, l’utilisation de l’hydrogène dans différents secteurs, pourrait permettre à certaines sociétés et filières de trouver un renouveau quand bien même elles étaient très affaiblies jusqu’alors. C’est l’un des arguments avancés par le gouvernement, qui grâce à l’hydrogène, voudrait constituer une économie locale et circulaire. En effet, l’implantation de l’hydrogène permettrait de créer des emplois supplémentaires, de par l’implantation de stations-services fonctionnant à l’hydrogène, d’usines de fabrication de véhicules fonctionnant à l’hydrogène, ainsi que d’un réseau de maintenance dans ce secteur. Néanmoins, cet argument n’est absolument pas toléré par les associations, les scientifiques ainsi que par certains citoyens.

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Enfin, le dernier argument avancé et celui de la sécurité. On peut citer entre autres le secteur de l’aviation qui est très réticent à implanter l’hydrogène dans ses avions (sauf Airbus qui n’est pas réticente car elle a reçu une aide de l’état soumise à une condition : concevoir des avions fonctionnant à l’hydrogène). En effet, le secteur de l’aviation utilise l’argument sécuritaire pour ne pas avoir à investir dans de nouveaux avions fonctionnant à l’hydrogène. L’argument de la sécurité est celui de la crainte d’une explosion des cuves contenant l’hydrogène car celui-ci serait même plus inflammable que le kérosène. Pour convaincre, certains acteurs de l’aérien citent l’explosion de Hindenburg en 1937. L’image ainsi associée à cette explosion est très négative et évoque le feu, l’explosion et le danger. Cet argument est stratégique et a un objectif précis.

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Pour conclure sur cette partie, nous pouvons dire que les arguments avancés par les différents acteurs reposent sur deux types d’arguments principaux : le factuel, le statistique et le verbal. On entendra ici par verbal tout ce qui n’est pas confirmé par des données scientifiques ou statistiques. En partant de ces trois principes de statistique, factuel et verbal, nous pouvons conclure que les arguments avancés par les différents acteurs sont donc principalement écologiques et financiers.

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