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Titre et résumé de la controverse et de ses enjeux.

Comme nous l’avons précisé précédemment, le titre de notre controverse est « L’hydrogène, une énergie si verte ? ».

 

Depuis que le bateau Energy Observer (qui a été conçu en France) a entamé son odyssée en 2017 et qu’il a parcouru le tour du globe en totale autonomie grâce de nombreuses énergies renouvelables, cela a convaincu de nombreux acteurs d’investir dans la recherche et la conception de nouveaux moyens de transports, mais également dans le stockage de l’énergie que représente l’hydrogène. Dans le contexte actuel de changement climatique très prononcé que nous parcourons, la notion d’action pour le climat est très présente dans les pensées collectives. Une «course contre la montre» s’installe également suite à des alertes de nombreux scientifiques à propos d’un emballement climatique, mais également de par de nombreux traités européens et internationaux visant à réduire drastiquement nos émissions de CO2 dans les décennies à venir. L’utilisation des énergies fossiles sont remises en cause, de par leur très forte empreinte carbone, et celle des énergies renouvelables est prônée.

L’utilisation de l’hydrogène s’inscrit parfaitement dans la transition énergétique des systèmes de demain. En effet, depuis quelques années, la course à l’hydrogène est lancée dans le monde entier. L’Europe souhaite devenir le leader de l’hydrogène à l’échelle mondiale et Renault souhaite en devenir le pionnier dans le domaine des transports automobiles.

 

Mais bien que la combustion de l’hydrogène soit bénéfique pour l’environnement, sa production est-elle vraiment écologique ?

Deux grands points de vue se confrontent : celui des acteurs qui sont pour l’hydrogène, de par le grand potentiel économique qu’il constitue, celui des acteurs qui sont pour le développement d’un hydrogène vert et le plus dé carboné possible, ainsi que celui des acteurs qui militent contre le développement de l’hydrogène.

 

Nous allons vous partager un témoignage de Jean Marc Jancovici, lors d’une conférence à HEC Paris, qui a un point de vue très intéressant et qui montre bien les multiples controverses que posent le sujet. Jean Marc Jancovici est un ingénieur français de 59 ans, consultant et spécialiste de l'énergie et du climat. « Ce qui ne va pas avec l’hydrogène c’est qu’on n’en trouve pas tel quel dans la nature. Donc si vous voulez avoir de l’hydrogène à votre disposition, il faut commencer par le faire : vous ne le trouvez pas isolé dans la nature, vous ne trouvez pas de molécules d’hydrogène. On trouve plein d’hydrogène mais associé à d’autres atomes. Par exemple, l’hydrogène est certes abondant dans la ressource la plus présente sur terre : l’eau.

Mais l’eau est constituée d’hydrogène et d’oxygène. Il faut donc casser la liaison entre l’hydrogène et l’oxygène et vous allez utiliser pour casser cette liaison très exactement l’énergie que vous allez récupérer dans la combustion mais comme il y a des pertes intermédiaires (rendements bien inférieurs à 100%), vous allez utiliser plus d’énergie pour dissocier l’oxygène et l’hydrogène que vous n’allez en récupérer derrière dans la combustion de l’hydrogène. Vous avez donc besoin d’énergie au départ pour dissocier l’hydrogène de l’oxygène. Et cette énergie vous allez devoir la trouver dans la nature »

D’après une conférence de Jean-Marc Jancovici à HEC Paris - 5 février 2020

https://www.youtube.com/watch?v=Ogw_UjPXtQg 

Le témoignage de Jean Marc Jancovici étant long, nous allons résumer la suite de sa conférence. Il dit par la suite que pour produire de l’hydrogène, soit on fait une électrolyse de l’eau, ce qui est très énergivore en électricité ; soit il faut effectuer des réactions chimiques à haute température ce qui émet beaucoup de CO2 également. On peut d’ailleurs résumer ses propos dans le schéma ci-dessous :

Le résultat selon lui est qu’une voiture fonctionnant à l’hydrogène produit à partir de réaction chimique de l'ammoniac génère quasiment autant de CO2 qu’une voiture à pétrole. Et pour une voiture fonctionnant à l'hydrogène produit à partir de de l’électrolyse de l’eau, cette dernière serait deux fois plus polluante que la voiture à pétrole (en prenant en compte l’origine de l’électricité loin d’être dé carbonée et non-polluante actuellement).

De plus, selon Jean Marc Jancovici, même si l’électricité nécessaire à l’électrolyse de l’eau pour produire l'hydrogène provenait d’énergies renouvelables, cela ne serait toujours pas neutre en termes d’émissions de CO2 contrairement à ce qu’indiquent certains géants du domaine. L’utilisation de l’hydrogène comme énergie du futur est très prometteuse, voire miraculeuse pour certains, mais beaucoup moins pour d’autres et conduit à de nombreux débats, controverses entre différents acteurs. Il ne s’agit pas seulement d’un débat entre écologistes et géants de l’énergie où deux opinions se confrontent ; il s'agit d’un débat plus subtil, mettant en relation différents acteurs : les scientifiques, les industriels, les économistes, les géants de l’énergie, les écologistes ainsi que les pouvoirs publics, mais aussi tous les acteurs individuels, tels que nous sommes.

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